Systèmes phonologiques du français et des langues russe
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Systèmes phonologiques du français et des langues russe et biélorusse.
Plan Système vocalique. Système vocalique primaire. Systèmes vocaliques russe et biélorusse. Système vocalique français. Système consonantique. Système consonantique primaire. Systèmes consonantiques russe et biélorusse. Système consonantique français. Rapports quantitatifs et syntagmatiques des consonnes dans le discours français, russe et biélorusse. Combinaison des sons. Particularités de la composition syllabique des mots. Rôle de la prosodie dans des langues comparées.
1. Système vocalique L’essentiel du système phonologique de la langue est l’opposition des traits distinctifs des phonèmes, p.ex.: [a] ( ouvert, médiolingual, oral) - [ɛ̃ ] (mi-ouvert, antérieur, nasal) - [i] (fermé, antérieur, oral) - [ɔ̃ ] (mi-ouvert, postérieur, nasal), etc. L’opposition des phonèmes détermine l’opposition des unités nominatives: part – père – pire - port; tard – terre – tir - tort; salle – sel – cil – sol, etc. C’est la fonction principale des signes acoustiques de la langue, objet essentiel d’étude de la phonologie descriptive et typologique.
Mais les phonèmes ont aussi des traits constituants, obligatoires dans toutes leurs positions ou dans les positions bien déterminées, qui ne les opposent pas dans la différenciation des unités nominatives, p.ex.: voyelle longue - voyelle brève; voyelle labialisée – voyelle non labialisée; “r ” grasseyé – “r” roulé; (suite)
(suite) les consonnes sonores et leurs variants sourdes à la fin des mots ou devant d’autres sourdes dans la langue russe et biélorusse; la nuance chuintante des [s’] et [ts’] biélorusse et autres. Ce sont des traits purement acoustiques, appelés d’habitude traits phonétiques, particularités de la prononciation des sons de certaines langues.
1.1. Système vocalique primaire. Dans chaque système phonologique il y a des oppositions constituant l’élément primaire de la langue. Ces oppositions sont propres à toutes les langues et ne peuvent pas former des types:
[u] position [ɑ] fermées ouverte antérieur postérieur Les sons vocaliques primaires se forment aux positions extrêmes (les plus éloignées l’une de l’autre) dans la cavité buccale (aux sommets du triangle dans le schéma vocalique).
1.2. Systèmes vocaliques russe et biélorusse. Outre cet élément primaire, la langue russe et la langue biélorusse ont encore trois voyelles: [ε], [ы], [o], leur élément secondaire, qui les oppose aux systèmes vocaliques d’une autre composition de l’élément secondaire (français, allemand, anglais) et les unit avec les systèmes où cet élément est le même (ukrainien). Les positions des voyelles secondaires russes et biélorusses se trouvent entre les positions des voyelles primaires:
antérieures médio-linguales postérieures fermées mi-fermées [ы] (ou mi- ouvertes) [u] [ o ] [ɛ] b [i] [ɑ] b ouverte
Ainsi les systèmes vocaliques russe et biélorusse se composent chacun de six phonèmes, donc chaque phonème a cinq traits distinctifs. Tous ces phonèmes sont situés aux trois niveaux: fermées (haussement supérieur de la langue), mi-fermées (~ médian de la langue), (mi-ouvertes) ouvertes (~ inférieur de la langue).
Elles se forment aux trois positions: antérieure, médio-linguale et postlinguale. Il n’y a qu’une différence entre ces deux systèmes: le [ɛ] et le [ɑ] biélorusses sont plus postérieurs que les sons correspondants russes ( b).
1.3.Système vocalique français. Le système vocalique français est plus complexe. Il se présente sous deux plans (d’après la position du voile du palais): le plan oral et le plan nasal. Le plan oral à son tour possède quatre niveaux: le niveau fermé, mi-fermé, ouvert et mi-ouvert. Le plan nasal n’en possède que deux: le niveau ouvert et mi-ouvert.
En ce qui concerne le point d’articulation, dans les trois systèmes, les voyelles sont antérieures, postérieures et médio-linguales, mais leur disclocation n’est pas identique. Les médio-linguales françaises sont plus avancées que les voyelles correspondantes russes et biélorusses, qui tendent plutôt à la postposition.
Le système vocalique comprend 15 voyelles (voir le schéma). Les voyelles françaises possèdent plus de traits particuliers que les voyelles russes ou biélorusses ce qui rend difficile l’assimilation.
. Il faut noter que le corps du plan nasal en ancien français était identique à celui du plan oral. Le français moderne ne garde que 40% d’unités dans les deux niveaux de ce plan. Le processus de la réduction des voyelles continue jusqu’à nos jours dans la langue parlée. Il y a une tendance à la réduction des[ø], [a], [œ̃ ].C’est un des éléments récessifs dans le système de la langue française.
Le russe et le biélorusse n’ont pas hérité des voyelles nasales de l’ancien slave. Ils ont aussi perdu les oppositions orales [b] et [ъ ]. Bref, le développement historique des langues comparées a simplifié leurs systèmes vocaliques. La parole française se forme surtout dans la partie antérieure de la cavité buccale, à quoi un Russe ou un Biélorusse formant sa parole dans la partie médiane de la bouche ne s’habitue pas aisément.
Un autre trait assez important du système vocalique français, qui le distingue du système vocalique russe, est une labialisation marquée (suite) d’une grande quantité de voyelles. Six voyelles du plan oral et deux voyelles du plan nasal sont labialisées, ce qui dépasse les 50% du système. Mais dans la chaîne parlée le pourcentage des voyelles labialisées est inférieur, il atteint 38%.
En russe et en biélorusse il n’y a que 2 voyelles labiales: le [u] et le [o] ce qui fait 33% (dans la parole à peine 18%), et leur labialisation est moins intense que la labialisation française. Le trait le plus typique de la prononciation française, c’est le caractère tendu de l’articulation des sons [48, p.36] ce qui leur confère une netteté particulière. Pour le russe on observe, par contre, une faible tension des organes de la parole.
Le nombre des voyelles françaises constitue 43% du système phonologique, la quantité des voyelles russes n’en fait que 14% et celle des voyelles biélorusses en fait encore moins: 13%, ce qui est au-dessous du pourcentage des voyelles primaires, qui est égal à 30% (3 voyelles et 7 consonnes). Le système phonologique français peut donc être considéré comme vocalique (plus de 30%) et le système russe comme consonantique (moins de 30%).
Mais le caractère vocalique du système phonologique d’une langue ne peut pas encore rendre vocalique son discours. Celui-ci est déterminé par les moyens de la formation des mots, par la fréquence des voyelles dans la chaîne parlée. Par exemple, la langue tchèque possède deux fois plus de voyelles que les langues slaves orientales.
Mais dans la composition de ses mots le consonantisme est extrêmement marqué: il y a des mots sans aucune voyelle: vlk, krk, smrk, hrb, hrst. D’autre part dans la langue ukrainienne qui se distingue par son vocalisme des mots, presque chaque consonne est accompagnée dans les mêmes mots par une voyelle, cf.: вовк, карок, смерека. Il s’ensuit que le discours tchèque est moins vocalique que celui de la langue ukrainienne.
2. Système consonantique. 2.1. Système consonantique primaire. Des consonnes possèdent 4 caractéristiques essentielles: 1.Le point d’articulation. D’après le point d’articulation les consonnes sont réparties en sept positions: -bilabiales (губно-губные); -labiodentales (губно- зубные); -prélinguales (образуемые кончиком языка); -médio-linguales (среднеязычные); -postlinguales (заднеязычные); -uvulaires (увулярные, с участием язычка); -gutturales (гуттуральные, гортанные).
2.Le mode d’articulation. Il y en a quatre: -occlusion (взрывной согласный); -constriction (щелевой, фрикативный согласный); -le mode mixte (смешанный - взрывной и щелевой); -vibration (вибрант, дрожащий согласный). 3.La prédominance du bruit ou du ton musical: - les consonnes sourdes ou sonores; -les consonnes sonnantes (сонорные). 4.Le rapport du point d’articulation au palais: formation des consonnes palatales (нёбные).
Le système des consonnes primaires se compose de sept éléments: cinq consonnes occlusives [p],[t],[k],[m],[n], une consonne-bruit constrictive [s] et une consonne-sonante [l] ou vibrante [r]. Six consonnes primaires sont antérieures et une seule, le [k], est postérieure. Cinq consonnes sont orales, les [p],[t],[k],[s],[l] et deux sont nasales [m],[n]. Nous avons encore quatre bruits [p],[t],[k],[s] et trois sonantes [m],[n],[l] ou [r]. L’opposition sourdes-sonores y manque.
Schéma comparatif des systèmes consonantiques français, russe et biélorusse.
Les données sur la quantité de voyelles et de consonnes dans les trois langues comparées: le français- 15-20, le russe- 6-37, le biélorusse- 6-39. En d’autres termes, le pourcentage des consonnes dans le système phonologique français ne dépasse pas 55%, en russe il atteint les 86%, alors qu’en biélorusse il s’élève aux 87%. L’opposition typologique est nette: le système consonantique français est relativement restreint, tandis que les systèmes russe et biélorusse sont très développés.
L’opposition “ non palatale - palatale”, qui manque dans le système français (palatales [η] et [l] n’ayant pas de variantes dures), est très développée en russe et en biélorusse. Dans ces deux langues la majorité de consonnes forment des paires « dure- palatale »: [p-p’], [b-b’], [k-k’] etc. En russe seules [ts], [tʃ’] font exception, celle-ci est toujours mouillée et celle-là est toujours dure.
Dans le système biélorusse la palatalisation est plus limitée. Les consonnes dures [t],[d],[ʒ],[r],[tʃ] n’ont pas de variantes mouillées, et la palatalisation n’existe pas hors l’opposition « dure-palatale ». Le français n’a pas de consonnes affriquées, le russe en a deux: le [ts] et le [tʃ] ; le biélorusse est plus riche, il en compte six: [ts],[ts’],[tʃ],[dz],[dz’],[dʒ].
Le français ne possède pas de sons [x],[x’], propres au russe et au biélorusse, et de consonnes gutturales [h],[h’], qui présentent un trait caractéristique de la langue biélorusse. En revanche la consonne [ɲ ] et la semi-consonne [ɥ ] ne sont propres qu’au français. Le russe n’a non plus de semi-consonne comme le [w]. Mais cet avantage est minime, il est loin d’équilibrer les niveaux quantitatifs des systèmes comparés.
Le trait commun aux trois langues c’est le caractère antérieur du système consonantique. En français il n’a que deux occlusives postérieures: le [k] et le [g] est une variante uvulaire du [r]. Le russe en a plus: quatre occlusives [k],[k’],[g],[g’] et deux constrictives [x-x’]; le biélorusse possède en plus deux consonnes gutturales [h, h’] (c’est le deuxième cas ou le trait phonologique prédomine en biélorusse, est le plus restreint en français et occupe la position médiane en russe).
Le deuxième trait commun dans les langues analysées est la position réduite des médio-linguales. En français il y en a deux:[ɲ, j], en biélorusse et en russe il n’y en a qu’une seule: [j]. Le rôle des lèvres est très important dans l’articulation des consonnes françaises. Les chuintantes de cette langue sont nettement labiales, alors que dans la composition du [ʃ] et [ʒ] russe et biélorusse la labialisation fait défaut. Et les labiales russes et biélorusses [p,b,m,f,v] ne sont pas prononcées avec tant d’énergie que les mêmes sons français.
Toutes les consonnes françaises (comme les voyelles de cette langue) sont d’une tension particulière. P. Fouché écrit: «Nul part la tension musculaire n’est pas comparable à celle qu’exige une prononciation française... Tous les phonèmes français sont extrêmement tendus par rapport aux phonèmes correspondants des autres langues». C’est pourquoi les consonnes françaises sont aussi aptes à résister à l’influence des sons avoisinants et à l’affaiblissement de la position finale. Les consonnes françaises ne se palatalisent beaucoup devant les voyelles antérieures fermées ( [i,y,e] ).
En russe et en biélorusse cette palatalisation est obligatoire et complète. Elle a amené les consonnes biélorusses [t] et [d] à la transformation en affriquées mouillées [ts` et [dz`] conformément. En russe on peut remarquer une tendance insistante à la transformation pareille. En russe et en biélorusse il n’y a pas de consonnes finales sonores, elles se transforment toujours en sourdes: хлеб (п), сад (т), нож (ш), ce que le français n’admet pas.
Les consonnes françaises subissent une certaine modification à l’intérieur d’un groupe rythmique et surtout au commencement et à l’intérieur des mots; les sourdes se sonorisent un peu devant les sonores: seconde [z], disgrâce [z], anecdote [g], et les sonores subissent un petit assourdissement: absorber [p], médecin [t], désobstruer [p]. Dans les mêmes positions l’assimilation des consonnes correspondantes russes et biélorusses est complète:
cf.:норовить-сноровка, подобрать-подставить, кладут-кладка (r); сядзь-сядзьце, кнiжак-кнiжка (b) et aussi оттаять-отбросить, такой-также, косить-косьба (r); малацiць- малацьба, барцы-барацьба, як-як бы (b). Il est à noter que toutes ces combinaisons consonantiques sont assez répandues dans la parole russe et biélorusse, tandis qu’en français leur emploi est limité. Dans la plupart des cas elles se trouvent dans les mots empruntés et dans les termes scientifiques.
3. Rapports quantitatifs et syntagmatiques des consonnes dans le discours français, russe et biélorusse. Le nombre des consonnes dans les systèmes russe et biélorusse est à peu près deux fois plus grand que dans le système français (conformément 37,39-20 ). Pourtant leur pourcentage dans le discours de toutes les trois langues est presque le même: quelque 55% (en français-55,2%, en russe-56,6%, en biélorusse-57%). Il s’ensuit que la fréquence d’une consonne française dans la chaîne parlée doit dépasser nettement celle de la consonne russe et biélorusse.
En bref, il y a une tendance marquée à l’antériorité dans le discours russe, moins décisive en français, et en biélorusse on voit une tendance opposée (à la postériorité). En somme le discours français est plus sonore, plus nasalisé et plus antérieur que le discours russe et biélorusse, et le discours de ces derniers se distingue par la palatalisation (surtout le discours russe) et par les consonnes chuintantes.
4. Combinaison des sons. 1. Toutes les trois langues évitent la liaison directe des voyelles dans les mots, c’est pourquoi leurs jonctions rares ne présentent pas un intérêt tel que les groupements nombreux et assez variés des consonnes. A l’intérieur des morphèmes, employés fréquemment dans le discours, on ne trouve pas de séquence immédiate des voyelles. On la rencontre d’habitude dans les emprunts, dans les archaïsmes et les onomatopées, p.ex.: oasis, théâtre, suave, coasser, haie; аорист, воин, аист, поэма, алоэ (r); вакуум, тэарэма, сiлуэт (b).
Mais au point de jonction des morphèmes la juxtaposition des voyelles est plus fréquente, surtout en russe, ou il y a beaucoup de préfixes actifs, terminés par une voyelle, cf.: во- (вооружить, воистину, etc.), вы- (выиграть, выучить, etc.), за- (заальпийский, заика,заодно,etc.), на- (наизнанку, наоборот, научиться,etc.) et autres. Le français ne possède que deux préfixes actifs terminés par une voyelle: co- et ré-( exister, coopérer, réorganiser, réunir, etc.). Il a pourtant maints suffixes et terminaisons qui forment des juxtapositions vocaliques, p.ex.: créé, béer, séance et autres.
Le biélorusse possède les mêmes préfixes que le russe, mais il les emploie assez rarement devant les racines qui commencent par une voyelle, comme наогул, паабяцаць, суаднесцi, etc. Souvent dans les cas, où le russe admet la juxtaposition des voyelles, le biélorusse emploie la combinaison «voyelle+ semi-consonne», cf.: воинственный-ваяунiчы, соучастие- соудзел, ou sépare les voyelles avec la consonne [v], cf.: приучать-прывучаць.
2. Les combinaisons des consonnes sont plus variées et plus répandues dans la composition des unités significatives que les combinaisons des voyelles (le discours russe surtout en abonde). La combinaison maximum atteint à cinq consonnes dans un mot russe ou biélorusse (бодрствовать, контрпрапанова) et quatre sons dans un mot français (obstruction). Et si on y ajoute les semi-consonnes, les combinaisons françaises pourront aussi contenir cinq phonèmes (exploiter [ksplw]). Il faut tout de même noter, que le maximum est assez rare dans la construction de mots, on ne le trouve qu’aux points de jonction des morphèmes.
Mais aux coupures des mots cette quantité peut être encore plus grande, cf.: un arbre splendide; в то трудное время лекарств в стране не хватало. Les combinaisons françaises sont moins nombreuses que les combinaisons russes et biélorusses, et leur composition est moins variée, mais plus sonore. Le consonantisme français est assez restreint en comparaison avec le consonantisme russe ou biélorusse, non seulement dans le système, mais aussi dans la combinaison syntaxique et par cela même dans le discours.
Les combinaisons se forment dans le développement phonétique et structural des unités significatives par la fusion des morphèmes et à cause de la disparition des voyelles. Ces réductions commencent toujours dans le discours (voilà-vlà) et s’achèvent dans le système (cf.:spiritum (lat.)- esprit, tabulam (lat.)-table).
5. Particularités de la composition syllabique des mots. Toutes les trois langues comparées possèdent la structure de syllabes, bien développée, mais le degré de ce développement et l’importance des variantes structurales dans la composition des unités significatives et dans la chaîne parlée ne sont pas les mêmes. Les variantes compliquées ne sont pas fréquentes dans la construction des mots et par cela même elles sont rares dans la chaîne parlée.
Dans le lexique et dans le discours des langues comparées prédomine nettement le type ouvert et surtout sa variante CV (russe-49,5%, français-54%, biélorusse-57%). La différence typologique de l’activité des variantes des syllabes est assez insignifiante dans les langues comparées. Quant aux variétés de la structure syllabique, c’est le russe qui en est le plus riche. Ni le français, ni le biélorusse ne possèdent de syllabes avec les combinaisons de 4 consonnes à la préposition de la voyelle (вздремнуть, всплыть, всплеск), ni à sa postposition (средств, банкротств, зверств).
Le polymorphisme slave et la tendance aux formes amorphes en français déterminent la composition syllabique des mots dans ces langues. Dans la plupart des cas les racines ne se composent que d’une ou de deux syllabes, et ce sont les morphèmes auxiliaires qui augmentent sensiblement ce nombre, p.ex.: con-duc-ti-bi-li-té, прав-ит-ель-ствен-но-го ( r); пе-ра-вы-кон-ван-не (b). En français les mots de ce type appartiennent à l’emprunt latin et ne font pas la majorité du lexique. La plupart des mots français (provenus du latin vulgaire) ont 1-2 syllabes: jardin, table, homme, rouge, grand, dire, aller, venir, bien, vite, déjà, etc.
Dans la classe verbale ce nombre est augmenté par certaines terminaisons et suffixes grammaticaux: dis-ions, dir-ais, dis-ant, etc. La dérivation affixale crée aussi les formes plus compliquées: jardin-age, jardin-et, jardin-ière; ag-grand-iss-e-ment. Pourtant, l’affixation française n’est pas active et le système des terminaisons est bien réduit. C’est pourquoi le dictionnaire français contient 66,5% de mots à 1-3 syllabes [17, p.62]. Ces mots sont les plus usités dans le discours ou ils font 89% de la chaîne parlée. En russe et en biélorusse les unités affixales sont très répandues dans le lexique.
Le dictionnaire russe contient 57,5% de mots à 4 syllabes et plus. En biélorusse qui n’a pas hérité de nombreuses formations affixales de l’ancien slave ce pourcentage est moins élevé (quelque 52%). Beaucoup de mots russes et biélorusses à plusieurs syllabes correspondent aux connexions françaises polysyllabiques: стукнули- ils ont frappé, записывала- elle prenait des notes, ce qui équilibre partiellement la quantité de syllabes dans les segments de la chaîne parlée du même contenu. Ainsi la composition syllabique des mots caractérise leur nature phonétique et reflète leurs traits lexicaux et grammaticaux.
6. Rôle de la prosodie dans des langues comparées. Les caractères dynamiques, quantitatifs et mélodiques des sons, syllabes, mots, groupes des mots et des propositions constituent ce que l’on appelle la prosodie de la langue. I. L’essence du caractère quantitatif est une opposition des sons (voyelles de préférence) brefs et longs (formant des syllabes brèves et longues): [ku-ra:ʒə], [trɔ:̃pə-ri], [prɔ - vɛ:̃s] . II. L’intensité particulière de la prononciation d’une syllabe ou plutôt de son élément vocalique ainsi que le haussement du ton sont appelés des accents: dans le premier cas c’est l’accent dynamique, dans le deuxième- l’accent tonique.
III. Le troisième élément est la mélodie, c’est-à-dire, le mouvement musical de la phrase. C’est un ensemble des variations de la hauteur du ton, déterminées par la fréquence de la vibration des cordes vocales et des intervalles dans la chaîne parlée. IV. La prononciation des groupes de mots et des phrases des langues différentes se distingue par un mouvement rythmique (lent, accéléré, coulant ou saccadé) qui est aussi un élément de la prosodie.
Fonctions des unités prosodiques. A.- La durée du son peut exprimer une notion grammaticale, c.f.: venit (présent)- venīt (parfait), bona (nominatif)- bonā (ablatif). Le français n’a pas hérité ce trait du système latin. L’opposition son long/ son bref (innovation française) n’est qu’un phénomène acoustique qui est déterminé par la position du son, c.f. cette [ɛ]-tête [ɛ:], sotte [ɔ]- encore [ɔ:]. Le russe et le biélorusse ne connaissent pas des oppositions de la longueur (ni de distinction, ni de position). Seul l’accent d’intensité peut augmenter légèrement la durée de la voyelle.
En biélorusse la combinaison de deux consonnes identiques peut former un seul son long, p.ex.: ноччу (ч), пытанне (н), даллю (л), mais cette durée n’est liée non plus avec une certaine notion grammaticale ou lexicale. B.- Accent. Toutes les trois langues comparées possèdent l’accent dynamique dont les fonctions dans chaque système sont assez différentes. Par exemple, l’accent russe et biélorusse sert à exprimer les notions lexicales et grammaticales des mots, cf.:aтлàс-àтлас, мукà-му́ка, пари́ть -пàрить (r); касà-кàса, скрыпàчка-скры׳пачка, падàць-пàдаць, плaчу́-плàчу (b) opposition lexicale);
руки-руки, берегà-берега, насыпàть-насып׳ать, к׳упите-куп׳ите (r); трав׳ы-трàвы, г׳убы-губ׳ы, братàм-брàтам, пазна׳ю-пазнàю (b) (opposition grammaticale); пар׳ы-пàры, приезжàя-при׳езжая (r); кавал׳i-кавàлi, казàк-кàзак, парàй-пàрай, ׳яму-ям׳у (b) ( opposition lexicale et grammaticale). L’accent français,étant de sa nature fixe, n’accomplit pas la fonction de différenciation sémantique. Dans les langues comparées l’accent accomplit aussi la fonction de délimitation phonétique des unités significatives:
en russe et en biélorusse ce sont des mots autonomes ( мальчик читает книгу (r); лiвень размыу дарогу (b) et leurs équivalents formés à l’aide des mots-outils et mots à plein sens lexical (не знаешь ли, через реку, у костра (r); на стале, цi не бачыу, ( ён) бы узяу (b). En français l’accent délimite la phrase dans la chaîne parlée, frappant sa syllabe finale. A l’intérieur de la phrase il délimite des groupes phonétiques et même des mots, s’ils sont autonomes: Moscou/ est la capitale/ de notre immense pays. Calmez-vous,/ camarades,/ Dupont/ arrive.
C’est une fonction syntaxique de l’accent dynamique. En français elle est de la première importance, en russe et biélorusse son rôle est assez limité, car tous les mots autonomes, qui font la majorité dans le lexique, sont accentués dans la phrase et hors d’elle. C.- Mélodie. La mélodie prend part à l’organisation de la phrase et de ses parties intégrantes. Chaque langue utilise cette unité prosodique à sa propre façon qui peut être envisagée comme un indice typologique.
Les segments mélodiques se composent de trois éléments primaires: ton ascendant, ton descendant, ton égal. La composition des segments mélodiques et leur importance dans les langues différentes ne sont pas les mêmes.
Ainsi en russe et en biélorusse les phrases de la même construction peuvent être affirmatives, interrogatives ou exclamatives selon la caractéristique de leur mélodie, p.ex.: Он вернулся домой. Яны нас пакiнулi. Он вернулся домой? Яны нас пакiнулi? Он вернулся домой! Яны нас пакiнулi!
En français ou l’interrogation est exprimée par l’inversion ou par est-ce que le rôle de la mélodie est moins important. La proposition sans éléments d’interrogation, ce qui n’est propre qu’à la langue parlée, se distingue par l’intonation ascendante à la fin de la phrase, qui ressemble à l’intonation de la proposition interrogative russe. La phrase exclamative française à pour la plupart deux types mélodiques: a) légèrement ascendante à la fin de l’exclamation; b) montante - descendante sans abaissement ou haussement brusque.
En somme les segments mélodiques français ont des changements de la hauteur du ton moins brusques que les segments russes ou biélorusses, bien que la séquence des haussements et des abaissements soit plus marquée ( ondulation de l’intonation plus profonde).
Caractéristique typologique des langues française, russe et biélorusse, basée sur les traits phonologiques de chacune d’elles. Ainsi le français est une langue vocalique, le russe et le biélorusse, au contraire, ce sont des langues consonantiques. Il s’ensuit que la voyelle française joue le rôle plus important dans la distinction des unités significatives. Mais le vocalisme français, très net dans le système, est insignifiant dans la parole.
Les consonnes françaises sont moins nombreuses que les consonnes russes et biélorusses et moins actives dans la formation des combinaisons consonantiques, ce qui détermine la structure de la syllabe, qui est moins variée que la structure de la syllabe russe et biélorusse. Le biélorusse est le plus riche en consonnes, mais leur activité est plus faible que celle des consonnes russes.
Les sons français se distinguent par leur caractère antérieur dont les sons russes et biélorusses sont exempts. Cette particularité phonétique lève de grandes difficultés aux Russes et Biélorusses dans leurs études de la langue française. La prononciation tendue de tous les sons français cause une autre difficulté pour nos étudiants qui sont habitués à la prononciation relâchée des sons. La tension élevée de la prononciation des sons français les rend nets; ils résistent à l’assimilation, tandis que les sons russes (consonnes et voyelles) et biélorusses (consonnes) subissent facilement toute assimilation.
Le russe et le biélorusse peuvent être considérés comme les langues prosodiques modérées, tandis que le français appartient au type non prosodique modéré. La structure phonique des unités significatives françaises est beaucoup plus simple que celle des unités correspondantes russes et biélorusses, ce qui crée une grande quantité d’homonymes dans cette langue et augmente l’interdépendance de ses unités nominatives dans la phrase.