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Macro. Psychanalyse de la crise financière de 2007 Vivien Levy-Garboua/Gérard Maarek© 22 novembre 2007 1
Plan de l’exposé • Qu’est-ce que la Macro. Psychanalyse ? • Back to finance : les bulles • La crise de 2007 2
Plan de l’exposé • Qu’est-ce que la Macro. Psychanalyse ? • Back to finance : les Bulles • La crise de 2007 3
Essai de définition • La Macro. Psychanalyse(*), une tentative de transposition du « modèle freudien » aux « groupes structurés » • Analogie avec la macroéconomie En macroéconomie, depuis Keynes, on prête aux groupes sociaux le comportement d’un individu isolé. Notion d’agent représentatif ; les modèles macroéconomiques. (*) V. Levy-Garboua et G. Maarek : Macropsychanalyse, l’économie de l’Inconscient, Paris, PUF, 2007. Voir aussi www. macropsychanalyse. com 4
Les idées du Dr. Freud • (H 1) L’inconscient • (H 2) La pulsion, trait d’union entre le corps et l’âme. • (H 3) L’appareil psychique est structuré en « instances » distinctes. • (H 4) Tout se joue dès l’enfance. • (H 5) Le passage « micro-macro » 5
Quelques rappels • Pulsions • Les instances freudiennes Source Objet Conscient Moi Réel Surmoi Inconscient • Processus Ça - primaire : principe du plaisir - secondaire : principe de réalité 6
Quelques utilisations de la problématique : • Névrose : Conflit entre le ça et le Surmoi • Psychose : Déconnexion de la réalité • Clivage : - du moi - de l’objet • Le cycle de l’enfant (M. Klein) : schizoparanoïde dépressif 7
Les « groupes structurés » • GS : ensemble d’individus ayant entre eux des liens organiques, une permanence dans la relation. • Le GS a une durée de vie qui dépasse celle de ses membres. C’est un ensemble renouvelé d’individus. • Le GS se présente comme un ensemble structuré de programmes ou de rôles, ayant une finalité propre. • Ses membres ont une conscience commune de leur appartenance au GS (affectio societatis). • L’existence du GS se reflète aussi dans la conscience collective d’autres groupes humains. • Le GS a une histoire qui prend ses racines dans une origine. Il existe un psychisme collectif du GS, structuré lui aussi en « instances » 8
Eros et Thanatos dans les groupes structurés • Pulsion de vie = aptitude à la coopération, confiance, connivence, esprit d’équipe, loyauté, sincérité, etc. , • Pulsion de mort = agressivité, pulsion de destruction, compétition, antipathie, répulsion, haine, décomposition, désintégration, dissociation, morcellement. 9
Les quatre « pouvoirs » de la Macro. Psychanalyse Conscient Le Prince Le Prêtre Le Professeur Le Producteur Inconscient 10
Les quatre « pouvoirs » de la Macro. Psychanalyse Le Producteur = le Ça Instance qui accomplit les tâches (programmes/rôles) qui conditionnent la survie du GS dans son environnement. Le Prince = le Moi Assure la régulation d’ensemble de l’activité du GS. Le Prêtre = le Surmoi Son action oriente le comportement du GS en valorisant les programmes conformes et en sanctionnant les programmes déviants. Le Professeur = le Logos, le Principe de réalité 11
La MPA comme herméneutique • On raisonne sur les états psychiques du groupe, en négligeant le rôle spécifique de tel ou tel individu. • Ces états sont en petit nombre, de même que les dynamiques transformant ces états les uns dans les autres. • On chera toujours à se ramener à des « figures » (pathologies) connues. • La MPA, grille d’interprétation parmi d’autres (l’exemple de la « bulle Internet » ). 12
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Les filiations : des modèles complémentaires • Economie : Homme rationnel Théorie économique • Psychologie : Homme cognitif Neuroéconomie. Economie comportementale • Psychanalyse : Homme freudien Macro. Psychanalyse 14
La Finance comportementale • Les postulats de rationalité revisités (Kahnemann et Tversky) • Une multitude de modèles pour explorer 3 extensions : Les limites cognitives L’interdépendance Les émotions 15
L’investisseur rationnel maximise l’espérance de l’utilité de sa richesse en fin de période. En réalité, …. Les comportements sont aussi dictés par les « émotions » . Interprétation psychanalytique Excès de confiance en soi Syndrome maniaque Excès d’optimisme Syndrome maniaque Excès de pessimisme Syndrome dépressif Self deception , wishful thinking Dissonance cognitive, déni du réel Actualisation hyperbolique Manque de self control Soumission aux pulsions Syndrome du « je vous l’avais bien dit » Syndrome « paranoïde » Syndrome du « J’ai manqué de chance » Syndrome « paranoïde » « Ambiguity aversion » : recours à une expertise extérieure. Identification à un tiers 16
Les Marchés : La bulle Internet 17
Les Bulles financières selon Kindleberger (*) Charles Kindleberger distingue 5 phases à tout cycle financier : Phase 1 : Le Déplacement Evènement « exogène » qui modifie le contexte, la perspective du marché. Phase 2 : Le Boom Un « objet » de spéculation apparaît. Phase 3 : L’euphorie Période justifiant le terme de « mania » . Phase 4 : La « financial distress » Période d’angoisse, de confusion. Justifie le terme « panic » . Phase 5 : Le crash Période de retournement brutal. Provoque en général une intervention ( « lender of last resort » ). (*) Charles P. Kindleberger : Manias, Panics and Crashes, basic books, 1978. 18
La Bulle comme phénomène de Groupe 1. Une bulle est le signe d’une croyance collective forte. L’éclatement de la bulle est la marque d’un changement de cette croyance. 2. Si les noise-traders (NT) sont peu nombreux ou dispersés, les investisseurs rationnels (IR) suffisent à les arbitrer. 3. La bulle ou l’éclatement d’une bulle nécessite par conséquent que les NT soient très nombreux et plutôt homogènes dans leur croyance, de sorte que l’intérêt des IR soit de les suivre 4. Il y a donc toujours un phénomène de Groupe dans les mouvements excessifs de la Bourse. 19
L’approche MPA (*) : la communauté financière comme « groupe structuré » • Le Producteur : les hommes de marché, les commerciaux (sales men), le back- • Le Prince : les dirigeants des intermédiaires financiers, les régulateurs nationaux • Le Professeur : les économistes et les stratégistes, les théoriciens de la finance, • Le Prêtre : les autorités morales prônant la loyauté, la transparence, la référence office, les analystes, etc. et internationaux, ex. : l’AMF, la Commission bancaire, la SEC ou la FED, etc. aux fondamentaux, etc. Identifications aux « success stories » de grands banquiers ou de grands financiers. (*) Macro. Psych. Analyse = MPA 20
La Bulle Internet • • GS = la communauté financière internationale Instances : Prince = Grands Argentiers du monde Prêtre = « Consciences » du marché Professeur = Universitaires Analystes Buy side Producteurs = Investisseurs / Analystes sell side • Objet de désir = Les actions Internet • Choc initial = révolution dot. com • Croyance collective = nouvelle économie/changement de paradigme 21
Processus de révision des « croyances » (*) • Phase maniaque Les informations confortent la « croyance » . Sa vraisemblance est surestimée. Excès de confiance. Complicité et rivalité des acteurs. • Phase d’assimilation Quelques informations viennent contredire la « croyance » . L’investisseur censure ou minimise la portée de ces informations. Syndrome psychotique. • Phase d’adaptation / accommodation Prise de conscience. L’investisseur abandonne la « croyance » , pour un nouveau modèle. Fort sentiment de culpabilité. Recherche de « boucs émissaires » . • Phase de normalisation La nouvelle « croyance » a peut-être surévalué l’importance de l’information nouvelle. On rentre à nouveau dans un cycle assimilation / adaptation (*) « croyance » , ici synonyme de distribution de probabilités sur les Etats du Monde 22
Comparaison des deux approches Kindleberger VLG / GM Déplacement ----------------------- Boom ----------------------- Phase Maniaque Euphorie --------------------------- Phase d’assimilation (psychotique) Financial Distress ----------------------- Crash ----------------------------- Phase d’adaptation (névrotique) / accommodation ----------------------------- Phase de normalisation 23
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La crise de 2007 : Economiquement limpide Les 4 crises : Sous-jacent «subprime» (1) Distribution (2) Valorisation (3) Propagation/Diffusion à d’autres « sous-jacents » (4) 25
Crise n° 1 : le sous-jacent • Quantitativement : 10. 000 Mds de USD 15% 20% 1. 500 Mds 50% 300 Mds 150 Mds vs 5 -7% (normal) 50 Mds • Prévisible / Prévue / Maîtrisable : 100 Mds USD de pertes supplémentaires Fonds propres* Résultats nets* ________ ________ 1. 300 Mds USD 200 Mds USD * 25 plus grandes banques occidentales • Problèmes spécifiques : - les innovations/laxistes : teasers (2 -28), soft covenants - l’aléa moral de la séparation Production/Distribution 26
Crise n° 2 : la distribution Fonds (hedges, OPCVM, etc. ) • Titrisation Dérivés (CDO 2, CDO 3, etc. ) « Conduits » (SIV, etc. ) • Problèmes spécifiques : - qui porte les risques ? «recherche subprime désespérement» - le fil à la patte des banques - la complexité 27
Crise n° 3 : la valorisation Ratings (alea moral ; tranches) Liquidité (produits otc. ; fonds • Valorisation dynamiques) Mark to model (variance, corrélation, risques extêmes) Quel modèle ? 28
Crise n° 4 : la diffusion • Private equity / LBO : repricing du risque • Flight to quality : Government Bonds, titres émergents (? ) • Distressed sales : Immobilier, actifs liquides • La trappe de liquidité : blocage des circuits interbancaires, malgré l’abondance de liquidité 29
La Macro. Psychanalyse : qu’a-t-elle à dire ? • 2001 vs 2007 : le même schéma • La panique, forcément irrationnelle • Le clivage, le dernier recours, et le surmoi faible • La valorisation et le principe de réalité 30
2001 vs 2007 : le même schéma Bulle Internet Crise de l’été 2007 Objet du désir : Titres Dot. com Mythe : Nouvelle économie BRIC/taux bas Inflation faible Choc initial : Mauvais résultats ? (Mars 2000) Fonds Bear Stearns Phase maniaque : + 100% (1996 -9) + 60% (2003 -7) Phase assimilation : 2000 -2002 2007 -2008 ? Bouc Emissaire Analystes/Commissaires aux comptes Agences de rating/PDG : Immobilier 31
La panique • Effet de composition/Pyramide des dettes. Mais est-ce suffisant ? • Si la crise du subprime ne justifie pas une « panique » comme celle d’Août 2007, pourquoi a-t-elle eu lieu ? l’ambivalence innnovation/crise : pulsion de vie/ pulsion de mort la culpabilité vis-à-vis de tout ce qui ne va pas : la crise comme châtiment souhaité/mérité La crise comme expression de l’inconscient du Groupe : la remise à plat nécessaire 32
Le clivage et l’aléa moral • Les 2 clivages bonne mère/produit nouveau Clivage de l’objet mauvaise mère/côte toxique du produit commercial/innovation/profit Clivage du moi conformité/éthique/risque Il y a un moi qui sait et un moi qui ne veut pas savoir 33
La crise à tous les étages : banques et communauté financière Banques Communauté financière (1) Recherche d’efficacité → Spécialisation Ventes vs Risques/Conformité Hedge Funds, Agences de Production vs Distribution Notation, Assureurs SIV, Conduits (2) Spécialisation → Clivage « Silos » des organisations Défaillance des marchés : Coordination par les prix ne se fait pas (3) Le Prince doit décider « en dernier ressort » : Clivage → Arbitrage (retour au principe de réalité) (4) Le Surmoi (Prêtre) faible : Retour au principe de réalité → Aléa moral Choix du CEO/Comex en dernière instance (dernier moment) «Danser, tant que l’orchestre Joue » (Chuck Prince) . Banque Centrale aux US et en Europe . FSA/Bank of England/Trésor en Grande-Bretagne . Affaire Northern Rock . put Greenspan, Bernanke 34
L’enchaînement de la bulle Efficacité Spécialisation Clivage Prêteur en (3) (1) (2) dernier ressort Aléa moral Bulle : phase d’accommodation, etc. (4) 35
Valorisation : Le Principe de réalité • Valorisation par modèles de produits complexes • Comment valider les résultats de ces modèles ? • A quelle réalité peut-on les confronter ? • Quelle base réelle ont les croyances des opérateurs sur les marchés de gré à gré ? • Défaillance du « professeur » ou psychose de la communauté financière ? 36