LE CLASSICISME • La littérature du XVIIe siècle
DÉFINITION « Le classicisme est un mouvement artistique du XVII e siècle. Il s'exprima dans tous les domaines de l'art, de l'architecture à la musique, en passant par la peinture et la littérature. » (Wikipedia) « Cette période a pendant longtemps été considérée comme l'apogée de la littérature française par la qualité de la langue et du style, la justesse des observations et l'exactitude des propos. Cette littérature a été d'autant plus célèbre qu'elle s'est voulue simple, refusant les invraisemblances, la vulgarité et la préciosité. » (Nicole Vaget) Jean-Louis Lessard – Automne 2005
OBJECTIFS DU COURANT Plaire et instruire étaient des buts importants de la littérature classique. • La modération, la courtoisie et la mesure doivent guider l’ « honnête homme » . • Le bien doit triompher du mal : attitude moralisatrice comme dans les Fables de La Fontaine. • Il faut recher des vérités universelles. Souligner la gloire du Roi. • Louis XIV veut remettre un peu d'ordre et laisser sa trace dans l'histoire : • L'art classique est un art officiel, chargé de donner à la France et au roi l'éclat, le prestige et la noblesse dans toute l'Europe. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
LES FONDEMENTS DU CLASSICISME L’imitation des Anciens : ceux-ci auraient atteint une telle perfection qu’il faut cher à les imiter. – La Poétique d'Aristote a fortement influencé le classicisme : la catharsis, par exemple, est reprise par le classicisme ; – Les sujets bibliques (en poésie, en peinture. . . ), et plus particulièrement la vie de Jésus, servent largement l'inspiration des artistes ; La prédominance de la raison : l’auteur classique se méfie de l’imagination. – Il préfère écrire en respectant des règles strictes. – Les œuvres suivent un déroulement prédéterminé. – Tout doit être cohérent, sans fantaisies inutiles. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Nicolas Boileau « Enfin Malherbe* vint, et le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence: D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la Muse aux règles du devoir. Par ce sage Écrivain la Langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. » Boileau, chant 1, v. 113 -140 * François de Malherbe (1555 - Nicolas Boileau 1628) sera le « poète de la cour » d’Henri IV et de Louis (1636 -1711) XIII. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
1. LES TROIS UNITÉS « Qu’en un jour, en un lieu, un seul fait accompli. » (Boileau) But : ne pas fatiguer le spectateur avec des détails superflus, comme le lieu ou la date, afin de lui permettre de se concentrer sur l'intrigue, pour mieux toucher et édifier. Unité d’action : un seul problème est soulevé dans une représentation théâtrale. Unité de temps : l’intrigue doit être résolue en une journée. Unité de lieu : un seul lieu sert de cadre à l’histoire. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
2. LA VRAISEMBLANCE But : toucher le spectateur en lui proposant des histoires qui soient conformes à ses attentes. L’auteur doit privilégier les faits qui ont apparence de vérité plutôt que la vérité (le vraisemblable plutôt que le vrai). – On a reproché à Corneille le mariage de Chimène et Rodrigue dans Le Cid, pourtant un fait historique. L’action du héros doit être conforme à son caractère et ce, tout au long de la pièce. – Les personnages sont souvent très typés chez Molière, La Fontaine, La Bruyère, etc. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
3. LA BIENSÉANCE But : ne pas choquer le spectateur, souvent des hommes et des femmes de la cour du roi. On ne peut montrer sur scène des actes disgracieux, violents ; Le héros ne doit pas choquer le sens commun : il est une représentation de l’honnête homme ; – Molière, la Fontaine, La Bruyère, Boileau dénoncent les avares, les hypocrites, les ambitieux, les naïfs, les bavards, etc. – Racine dénonce les excès de la passion amoureuse: de la mère pour son beau-fils Phèdre) ; de la mère pour ses ( enfants (Andromaque) ; de deux amants Bérénice) ; du ( père pour sa fille ( phigénie). I Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Les genres littéraires • La comédie • La tragédie • Le roman • Les autres genres
LA HIÉRARCHIE DES GENRES Le genre noble est illustré par : – la tragédie ; Les genres moyens sont représentés par la comédie : – celle qui comporte un enseignement édifiant, comme Molière y prétendait. Les genres bas comprennent la satire et le roman. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
LA COMÉDIE Molière en est le plus brillant représentant ; La comédie veut corriger les vices des hommes en les divertissant. Molière s'attaque : • aux vices des hommes (par ex. l'avarice dans L'Avare. . . ), • ainsi qu'à ses ennemis personnels (par ex. les faux dévots dans Le Tartuffe. Les caractéristiques de la comédie classique sont: 1. une action contemporaine ---> petite bourgeoisie ; 2. trois ou cinq actes et un dénouement heureux; 3. un registre comique , langage presque oral; 4. chez Molière surtout, des personnages et des passages inspirés de la commedia dell’Arte (le vieux barbon, le valet astucieux, la bastonnade, par exemple). (Source : Wikipedia) Jean-Louis Lessard – Automne 2005
LA TRAGÉDIE Pierre Corneille et Jean Racine en sont les plus célèbres représentants. Eux aussi tentent de corriger les vices des hommes, ou plutôt leurs passions en montrant les dégâts que peuvent provoquer les passions : les passionnés se font tuer, tuent ou se suicident, deviennent fous. Les caractéristiques de la tragédie classique sont : 1. L’action évoque un passé lointain et les personnages ont un statut social élevé. 2. L’écriture est en vers. 3. Elle contient cinq actes : – Le premier expose le problème ; – Les trois suivants font la progression de l’action; – Le cinquième montre un dénouement malheureux. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
LE ROMAN Peu de romans ont été écrits à l'époque classique. La plupart étaient des romans précieux, et obéissaient aux règles de la préciosité, comme La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette. La préciosité : – Raffinement des mœurs, du langage ; (qui peut tourner à l’excès, ce dont se moque Molière dans Les Précieuses ridicules) ; – Raffinement des rapports amoureux. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
LA FABLE Jean de La Fontaine en est le plus célèbre représentant. La fable est un petit récit en vers dont le but est d'illustrer une morale, donc d’enseigner, de guider, de corriger les comportements humains. Les caractéristiques de la fable sont : 1. La fable met en scène des personnages caractéristiques de certains groupes sociaux ou bien des animaux ou des plantes qui représentent certaines attitudes. 2. L'auteur de la fable exagère souvent leurs défauts pour mieux les ridiculiser. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
AUTRES GENRES La poésie officielle (François de Malherbe); la poésie burlesque (Paul Scarron) ; la poésie mondaine (Nicolas Boileau) ; les Maximes (Blaise Pascal, François de la Rochefoucauld) ; le portrait (Jean de La Bruyère) ; le conte (Perrault). Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Les auteurs • Corneille – Racine – Molière • La Fayette – La Fontaine – Perrault • Les autres auteurs
PIERRE CORNEILLE (1606 -1684) Pierre Corneille (1606 - 1684) est un protégé de Richelieu. Le Cid (1636) soulève la colère des critiques: Il est accusé de violer la vraisemblance et la bienséance (Scudéry) En 1637, l’Académie française condamne la pièce. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Le dilemme cornélien Don Diègue Comte de Gormas Honneur Honneur de sa de sa famille Père Rodrigue Chimène L’amour pour Chimène
Le Cid (1637) de Corneille Représentation au CNA le 22 février 2005 Jean-Louis Lessard – Automne 2005
JEAN RACINE (1639 -1699) Il est éduqué à Port-Royal et au Collège de Beauvais (milieu janséniste) ; En 1660 à Paris, premières pièces ; Protégé de Louis XIV ; Entre 1664 -1677, il écrit 10 bonnes tragédies ; En 1677, il devient historien du roi, se retire du théâtre. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
La passion destructrice Phèdre (1677) Elle est l’épouse Phèdre Thésée Fille de son ennemi Elle aime Sa belle- Son beau-fils mère père Aricie Il aime Hippolyte
Phèdre et sa passion coupable PHÈDRE (à Oenone) Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler ; Je reconnus Vénus et ses feux redoutables. [. . . ] En vain sur les autels ma main brûlait l'encens. . . Vaines précautions!, cruelle destinée! J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné: Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée ; C'est Vénus tout entière à sa proie attachée. Racine, Phèdre, I, 3, v. 273 -306 passim Phèdre et sa confidente Jean-Louis Lessard – Automne 2005
MOLIÈRE (1622 -1673) Né Jean-Baptiste Poquelin. En 1643, il rencontre Madeleine Béjart, et crée L’Illustre Théâtre (13 ans). En 1658, il se produit devant le Roi et forme la « Troupe de Monsieur » (frère du Roi). Joue au Petit Bourbon avec des acteurs italiens. 1665 Troupe du Roi. 1673 Il meurt presque sur scène en jouant Le Malade Imaginaire. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Les principales comédies Jean-Louis Lessard – Automne 2005
L’Avare (1668) HARPAGON - Au voleur, au voleur, à l'assassin, au meurtrier. Justice, juste Ciel. Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être? qu'est-il devenu? où est- il? où se cache-t-il? que ferai-je pour le trouver? où courir? où ne pas courir? n'est- il point là? n'est-il point ici? qui est-ce? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin. . . (Il se prend lui-même le bras. ) Ah, c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie, tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
JEAN de LA FONTAINE (1621 -1695) La cigale et la fourmi La cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle « Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août, foi d'animal, Intérêt et principal. » La fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. « Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. - Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. - Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien : dansez maintenant. » Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Illustrations des fables
MADAME DE LA FAYETTE (1634 -1693) Marie-Madeleine Pioche de la Vergne ; Fille d'un simple écuyer du roi ; Elle devient comtesse de Lafayette en épousant à 21 ans un homme de 18 ans plus âgé qu'elle ; Femme indépendante ; Observatrice distante des intrigues de la cour du jeune Louis XIV, Elle tient son propre salon ; Elle est l'amie de Madame de Sévigné ; A inventé le roman psychologique. Jean-Louis Lessard – Automne 2005
La Princesse de Clèves Le duc de Guise Prince de Clèves Duc de Nemours Mlle de Chartres Jean-Louis Lessard – Automne 2005
CHARLES PERRAULT (1628 -1703) Né à Paris dans un milieu bourgeois ; Il devient avocat ; Il fut nommé à l’Académie française en 1671 ; Il a laissé des poèmes, des poésies et des Mémoires. Il a lancé la « Querelle entre les Anciens et les Modernes » ; Il est surtout connu pour ses Contes de ma mère l'Oye, composés d'après des récits populaires ; La première édition (1697) parut sous le nom de son fils. Mort le 16 mai 1703. «Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Les Contes de Perrault (1697) Le Petit poucet Le Petit chaperon rouge Le Chat botté Blanche Neige et les sept nains Cendrillon La Belle au bois dormant Riquet à la houppe Peau d’âne Illustration de Gustave Doré Jean-Louis Lessard – Automne 2005
Les autres auteurs
Autres auteurs Mlle Scudéry Blaise Pascal Descartes Vaugelas Mme de Sévigné Bossuet La Bruyère La Rochefoucauld Jean-Louis Lessard – Automne 2005